Je viens de rentrer dÂ’un voyage au rocher dÂ’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, où se tenait une conférence organisée conjointement par lÂ’Iraqi Centre for Research and Studies de Najaf , lÂ’International Republican Institute et Â’91ÆÞÓÑ Institute. Ce fut lÂ’occasion de rencontrer différents parlementaires, ministres, dirigeants issus de la société civile et chercheurs irakiens et d’évoquer la transition démocratique de lÂ’Irak post-Saddam.
C’était mon deuxième séjour à Erbil en un an. La ville a considérablement changé depuis 2009. De nombreux immeubles ont été bâtis et un nouvel aéroport vient d’être inauguré.
En effet, des vols arrivent chaque jour de Vienne et Francfort et, chaque semaine, de Londres et Copenhague. Le premier aéroport, réouvert en 2005 après que Saddam ait interdit l’accès à l’espace aérien Kurde, n’était plus assez important pour tous les vols, notamment ceux des émigrés Kurdes revenant chez eux de Dubai et du Bahrein ou d’autres terres d’accueil.
Mes collègues Eric Brown et Abram Shulsky et moi-même sommes montés à la citadelle. Le centre-ville, lui aussi, n’est plus le même. Il y a un an, l’endroit était sombre, couleur de terre. Mais il semble aujourd’hui revivre; notamment grâce aux fontaines, aux espaces verts et aux habitants qui s’y promènent.
La région connaît un développement plus rapide qu’il n’aurait été possible de le croire. La conférence se tenait dans un complexe moderne, avec un magnifique escalier en marbre et un vaste plafond. Sans doute reflètent-ils l’économie kurde. En effet, la région est pacifiée et se développe bien plus vite que dans le sud du pays. Riche en pétrole, elle a ainsi attiré plus de 25.000 travailleurs depuis la chute de Saddam. Le revenu moyen par habitant est supérieur de 25% à celui des autres régions de l’Irak.
Naturellement, la région doit toujours faire face à certains problèmes, notamment celui de la corruption. Cependant, le contraste est flagrant avec ce que fut le Kurdistan irakien sous le régime baasiste. Aujourd’hui, les Irakiens venant de Basra ou de Baghdad restent ébahis devant ce qui a pu y être accompli.
Par ailleurs, des progrès ont aussi été accomplis culturellement: les Kurdes se sentent bien mieux intégrés à l’Irak, bien qu’ils ressentent que leur culture est à maints égards bien différente. Un collègue a fait à ce sujet une comparaison intéressante: les Kurdes sont comme les Quebecois vis-à -vis du Canada. En effet, la Constitution fédérale irakienne leur accorde l’autonomie, reconnaît la séparation des peuples mais organise un Etat unifié. Les Kurdes savent d’ailleurs pertinamment que leur avenir ne peut s’envisager qu’avec celui de l’Irak.