Washington est une ville qui a du mal à fonctionner lors d’une tempête de neige. Au bureau hier, un collègue japonais me demandait pour quelles raisons cette cité, capitale du monde et siège du gouvernement fédéral, était incapable de maitriser ces quelques centimètres des flocons.
Mais même avant la tempête de neige actuelle, la quasi-totalité des grands axes de la ville étaient bloqués, par la neige ou par la glace qui s’y était formé.
Je constate que la ville fonctionne mille fois mieux aujourdÂ’hui quÂ’il y a vingt ans.
John F. Kennedy a eu le meilleur bon mot sur Washington, en la décrivant comme une ville avec le charme du Nord et l’efficacité du Sud (« a city with Northern charm and Southern efficiency »), c’est-a-dire dépourvue de charme comme d’efficacité.
Mais Washington s’est métamorphosée depuis la fin de la guerre froide. Les ambassades et consulats ont proliférés. La Banque Mondiale et le FMI ont pris de l’importance. Jadis influencée par une culture provinciale de l’American South, elle est devenue une grande ville, internationale, et davantage raffinée que sous l’ère Kennedy.
La mondialisation dans toutes ses formes a participé au processus. L’évolution des palettes américaines et washingtoniennes depuis les années 80 a joué un rôle important. Nous ne sommes plus “prisonniers” ni de la mode ni de la cuisine de sud.
Historiquement, Washington est une municipalité mal gérée. Jusqu’a 1973 et l’instauration du « Home Rule », c’est le gouvernement fédéral qui a régi DC. La ville a ensuite souffert de la corruption et l’incompétence du maire populiste noir Marion Barry, de 1979 à 1990 et de 1995 à 1999. Emprisonné pour consommation de crack et de cocaïne en 1990, il fut néanmoins réélu en 1994.
Durant les mandats des maires suivants, Anthony Williams et Adrian Fenty, la ville a pris part au processus de renaissance urbaine américaine. Une partie importante de la ville fut restaurée, et en particulier les voisinages quasi abandonnés suite aux émeutes de 1968, survenues dans le sillage de l’assassinat de Martin Luther King.
Mais si notre ville est plus internationale et plus vivante qu’auparavant, elle demeure malgré tout fermée sur elle-même. Cela explique l’illusion de chaque élu à la Maison Blanche, convaincu que sa rhétorique et sa personnalité peuvent avoir un impact sur le monde extérieur. Barack Obama vient de se désillusionner.